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Histoire de Fougerolles

          Fougerolles du Plessis est situé, ainsi que Landivy et La Dorée , sur un terrain schisteux de l'époque précambrienne , avec des filons de diabase, à grain très fin, qui servent à l'empierrement des routes. Entre La Pellerine et St Berthevin la Tannière,se trouve une chaîne de collines, commandant toute la région, et qui sert de ligne de partage des eaux ; celles-ci s'écoulent soit dans le bassin de la Mayenne, soit dans le bassin de la Vilaine ou la Baie du Mont Saint Michel. Une ligne de hauteurs de 230 à 250 mètres, allant du Sud au Nord, prolonge cette chaîne de collines sur le territoire de Fougerolles, qu'elle divise en deux parties égales, formant ainsi deux bassins différents : celui de la Colmont, affluent de la Mayenne, qui prend sa source au village de la Hibeudière et celui de la Cambre, qui se jette dans l'Airon, affluent de la Sélune. La vallée de la Cambre dominée par le Signal de la Hérouze, d'où l'on jouit d'un beau panorama, est particulièrement pittoresque entre Goué et le moulin de la Motte ; elle a inspiré à notre compatriote François Talva des lignes pleines de poésie qu'il a récemment publiées dans une revue égyptienne. 

          Bois, collines, étangs et ruisseaux ne font, assurément, pas défaut dans la région ; c'est pourquoi l'atmosphère y est presque constamment humide et le ciel, d'un bleu pâle, s'y nimbe souvent d'un voile léger. Si Fougerolles, avec ses chemins creux, ses haies vives, est toujours un pays de bocage, les arbres y sont tout de même, moins nombreux qu'autrefois. Ils couvrent surtout les terrains granitiques, tandis que les sols schisteux portent , actuellement de belles prairies. On pratique concurremment la culture et  l'élevage dans ce pays essentiellement agricole, mais Fougerolles a maintenant aussi une vie industrielle avec une importante laiterie, des carrières et des chantiers de constructions, sans oublier l'ancienne et toujours florissante industrie du sabot.

          Fougerolles, actuellement en plein essor économique, appartint longtemps à une région intermédiaire assez inhospitalière, où bois et landes, bruyères et fougères couvraient une étendue confuse peu favorable aux échanges. La toponymie est révélatrice à cet égard : Fougerolles, Fougères, Landivy, Landéan, Désertines, Louvigné du Désert, tel sont les noms des localités de la région." Erant autem in confinio Cenomanicae er Britannicae regionis vastae solitudes " ( Sur les confins du Maine et de la Bretagne s'étendaient de vastes solitudes ), peut-on lire dans la vie de Saint Bernard de Tyron, ermite qui vivait à St Mars sur la Futaie, vers la fin du XI siècle.

          Pourtant, dès le temps des Romains, le pays avait été un lieu de passage. La voie romaine de Jublains à Avranches, passait tout près de là, par Milvain, La Dorée et Landivy ;aussi n'est-il pas étonnant qu'on ait découvert à Fougerolles, en 1845, 150 monnaies romaines, datant de l'an 98 à l'an 180. D'autre part, un toponyme comme Aubigné suppose, incontestablement, l'établissement, à l'époque gallo-romaine, d'un quelconque Albinius. Plus tard, ce fut le défilé ininterrompu des pèlerins qui allaient au Mont Saint-Michel ; la voie romaine qui s'y rendait pris alors le nom de "Chemin Montois"; Un prieuré fut fondé à l'Abbayette, tout près de Fougerolles, en 997 ; il devait servir de refuge aux milliers de pèlerins qui passaient par là : les noms des villages voisins " l'Hôtellerie,la Prévôterie " indiquent qu'il en fut ainsi.

          Mais la région de Fougerolles s'est surtout peuplée entre les XI éme et XIV éme siècles, ainsi qu'en témoignent l'extraordinaire quantité de toponymes qui évoquent des noms d'habitants. En effet, il est aujourd'hui prouvé qu'au Bas-Maine les formations en ----ière, ---érie, ( exemple l'Angottière, la Frogerie ) datent des XI éme et XII éme siècles, celles en ---ais ( la Fiaulais ) des XIII éme et XIV éme siècles. Dans ce pays, c'est aux moines de l'Abbaye, toute proche, se Savigny que revint l'honneur d'avoir enseigné aux habitants de la contrée la science du défrichement intelligent et d'avoir mis en valeur de vastes terrains, jusque là laissés dans l'abandon le plus complet.  

          Au Pont-Juhel, à la limite du territoire de Landivy, se rencontre trois provinces : le Maine, la Normandie et la Bretagne. " En ce point, trois évêques pouvaient, dit-on, déjeuner à une même table, sans quitter leur diocèse ". Fougerolles situé à quelques kilomètres de là, faisait partie du Maine. C'est là qu'on pris naissance des deux considérables maisons de cette province.

          L'une, la famille de Goué qui s'est éteinte, au moins dans sa branche aînée, à la fin du 17éme siècle, possédait la seigneurie de la paroisse. Malgré les morsures du temps, son château subsiste toujours près du lac de Goué, à quelques centaines de mètres de Fougerolles. C'est un édifice barlong du XVII éme siècle, qui possède un très bel escalier ; son grand salon , avec table de chasse et cheminée monumentale , porte les armes des marquis de Baugy et Caille de Fourny ; sa salle à manger est ornée de peintures à l'italienne et de sujets rappelant les fables de la Fontaine.

          L'autre, la famille de la Hautonnière a disparu au début du XVIII éme siècle. Son château n'existe plus depuis moins de 15 ans. Les membres de ces deux familles occupèrent de hautes situations. Le dernier Seigneur de Goué fut conseiller au Grand Conseil de Louis XIV ; le dernier Marquis de la Hautenière était gouverneur de la  ville de Rennes 

          En 1710 , l'hôpital de Fougerolles fut créé, à la place de l'ancien presbytère, par Marie Dubourg, fille d'un bourgeois de Paris. La Supérieure, élue par les soeurs, ne devait compte qu'à l'êvêque du Mans et à un procureur nommé par le Parlement. Ces dispositions ayant été approuvées par le Roi en  1734 , on grava au-dessus de la porte l'écusson de France avec cette inscription : " C'est ici l'hôpital de Louis XV, notre bon Roy. Beatus qui intelligit super egenum et pauperem." L'abbé Ouvrard, curé de Fougerolles au moment de la Révolution, refusa de prêter serment à la Constitution Civile du Clergé. Il dut s'expatrier en Angleterre puis aux Pays-Bas. Il a raconté ses souvenirs d'exil dans " Le Déporté de la Mayenne " ; ses récits sont plaisants et spirituels, pleins d'imprévu et de pittoresque. Bien que la Révolution, à ses débuts, ait trouvé des soutiens à Fougerolles, la pacification fut, cependant, lente à s'y établir. En 1800, le bourg fut occupé par les Chouans pendant 18 jours. Même le Concordat de 1801 ne suffit pas à apaiser les esprits et en 1806 les Louisets y faisaient encore des prosélytes.

          En 1834, un médecin de Fougerolles fut élu député de la Mayenne ( J.B Le Tourneux ) et le resta jusqu'en 1848. Quelques années plus tard, pour se distinguer de ses homonymes de l'Indre et de la Haute-Saône, Fougerolles, sur proposition de son maire M. Le Pescheux, prit le nom de Fougerolles du Plessis.

          Dès lors, à part les incidences, douloureuses comme partout de la guerre de 1914, il ne se serait passé aucun évènement digne de mémoire si en juin 1944 .Fougerolles n'avait pas eu le redoutable honneur d'être choisi par les Alliès comme centre de parachutages. En une semaine, 39 tonnes d'armes y furent parachutées.Le Quartier Général du VII eme Corps de l'Armée Américaine a reconnu que le maquis de Fougerolles avait " apporté un concours inestimable non seulement aux services du C.I.C, mais aussi à l'Armée Américaine, à ses alliés et à la gloire Française. ". Quatre Fougerollais, parmi les meilleurs ont payé leurs exploits de leur vie ; aussi Fougerolles a bien mérité  la croix de guerre que l'an dernier un ministre est venu lui remettre.

          Outre les figures, intimement liées à l'histoire de Fougerolles que nous avons évoquées, il convient de mentionner également d'autres personnages.

          Et tout d'abord trois illustrations, issues de familles originaires de Fougerolles : Les Dodard, les Fréard et les Hossard.

          Denis Dodard, né à Paris en 1634, fit des études si brillantes que Guy Patin le qualifiait de " prodige sans défaut ". Membre de l'Académie de Médecine dès 1672, il fut l'un des plus célèbres médecins de son temps . Fontenelle a fait son éloge funébre ( 1707 ).

          Roland Fréard, né au Mans en 1606, fut un artiste de grand talent. Il était l'ami de Nicolas Poussin. 

          Paul-Michel Hossard, né à Angers en 1797, professeur d'astronomie à l'Ecole Polytechnique, est l'auteur de travaux scientifiques importants.

          L'Abbé de Marseul, né à Fougerolles en 1812, directeur de la revue scientifique " l'Abeille ", était un entomologiste de grande valeur. Auteur d'un " Index des coléoptères de l'ancien monde " , il a légué au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris une superbe collection d'insectes. Mort à Paris, il fut enterré à Fougerolles le 17 avril 1890.

          De nos jours, Fougerolles compte parmi ses enfants nombre d'hommes de distinction, qui marchent brillamment sur les traces de leurs ainès. Nous en citerons que quelques uns : l'Amiral Durand de Saint Front, le célèbre peintre Marin-Marie de l'Académie de Marine, Iean Durand de Saint Front, archéologue, membre de plusieurs sociétés savantes, le chanoine Cherel, vicaire général de Laval, Jean Neveu, professeur à l'Ecole de Médecine de Clermont-Ferrand, François Talva, professeur au Lycée Français du Caire, N. de la Bouteillère, Président de l'association des Mayennais de Paris et un Fougerollais d'adoption : Robert Guy de la Société des gens de lettres.

          Fougerolles se distingue, également, dans le domaine des vocations religieuses, puisqu'il compte aujourd'hui dix-sept prêtres vivants. Cela ne saurait surprendre dans un pays où la dévotion à l'Immaculée-Conception précéda de plusieurs siècles la proclamation du dogme.  Non seulement une confrérie de l'Immaculée-Conception y exista dès le Moyen-Age, mais l'église, à cette époque, lui fut dédiée.

          Les paroissiens vénèrent aussi le sanctuaire marial de Courbefosse, auquel ils se rendent en procession chaque année ; deux autres chapelles sont encore, par eux, fréquentées et aimées : l'une à la Bigottière, fut fondée au XVIIéme siècle par Michel Dodard, chanoine de St-Merry, à Paris, l'autre récente, dédiée à Saint Joseph, est située tout près du lac de Goué.

          Les Fougerollais s'y pressent dans les jours de détresse, mais ce n'est pas pour eux que le proverbe dit

                                     " Quand le danger est passé, le saint est oublié "

              Texte de François Roullin paru dans le dépliant publicitaire édité pour la fête des Francs-Tireurs du 8 juin 1952   

Date de dernière mise à jour : 2019-11-24 11:35:05

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