Souvenirs d'enfance
TEMOIGNAGE DE LOUISE
Elle avait 15 ans en 1944.
En janvier 1944, elle a quitté Fougerolles avec l'autorisation de ses parents pour suivre la famille TIROT et s'occuper de leurs enfants.
M. TIROT était secrétaire de mairie et il fut muté à Avranches. Mme TIROT s'occupait d'un magasin de chapeaux et c'était le dada de Louise.
Avranches et le débarquement :
Le 6 juin 44 a commencé le débarquement. Le7 juin, Avranches est bombardée en milieu d'après-midi. Louise était dans la cuisine avec les enfants ; le soleil brillait et une fenêtre était ouverte.
" On voyait les avions qui tournaient, qui tournaient ; ils jetaient des bombes". Aussitôt, Mme Tirot a demandé à ses enfants et a Louise de descendre tout de suite.
" A cause de l'explosion, toutes les portes de la maison se sont ouvertes. La Grande Rue était pleine de fumée avec de nombreux débris".
Les gens criaient :"une bombe est tombée sur la mairie" Mme Tirot paniqué car son mari travaillait là-bas; Il est revenu presque aussitôt en disant "on part".
Dans le magasin de chapeaux, une jeune fille qui travaillait là leur a proposé de se réfugier chez sa mère qui tenait un petit café. " Nous avons retrouvé sa soeur avec son patron et sa famille. nous étions presque une trentaine éparpillée tout autour. Nous couchions dans une grange à proximité. Nous sommes repartis à la campagne dans une ferme car sur Avranches c'était devenu trop dangereux. On se débrouillait avec les produits de l'exploitation. M TIROT nous ramenait du pain."
Une nuit, Louise a eu peur en entendant des avions et des Allemands relativement proche qui parlaient. Nous pensions que c'était fini que notre dernière heure était arrivée. Nous avons récité notre "Je vous salut Marie".
Louise se souvient d'une autre anecdote en retournant à Avranches revoir la femme dans son café. Deux Allemands sont rentrés; dans le café contre le mur, était fixée une carte d'Europe; ils ont voulu la prendre mais la maman a dit "on ne la touche pas" ils ont sorti leur révolver. Sur les conseils de ses 2 filles, elle a laissé les 2 soldats partir avec la carte ; ça nous a marqués".
Louise est restée 3 semaines dans la ferme.
Ses parents ont pu avoir de ses nouvelles. En effet, les gendarmes de Saint-Hilaire en venant prendre des renseignements à Avranches ont accepté une lettre écrite par Louise. ils ont confié le petit mot à un monsieur de Buais qui l'a postée. Le facteur qui faisait sa tournée a tout de suite vu qu'il s'agissait d'un courrier de Louise. Avant de commencer sa distribution, il est parti à Bridelande pour porter la lettre. Ses parents et Louise Blanchetière ont ainsi appris que Louise était saine et sauve.
Le retour a Fougerolles :
Son papa et sa maman ont décidé de venir la chercher à Avranches. Ils ont laissé leurs enfants aux bons soins de Madame Blanchetière. Ils sont partis à vélo. Une personne à Belangeraie près du Vieux Bourg de Buais leur a conseillé de laisser leurs vélos car les Allemands allaient les réquisitionner.
Ils sont repartis à pied mais comme le couvre-feu était à 18 heures. Ils ont couché dans une ferme à Saint Quentin avant de reprendre leur chemin à 6h30. Ils ont rencontré un curé qui connaissait Fougerolles et allait dire sa messe. La maman de Louise a dit : "on n'est pas à une heure prés, on va assister à la messe" .
Ce fut émouvant de retrouver mes parents. Quelle surprise pour moi".
Après avoir mangé, tous les trois sommes repartis à pied, ils ont fait environ 40 kilomètres et son rentrés à Bridelande vers 22h30.
" J'étais très contente mais j'ai eu mal au coeur de quitter mes amis de la ferme".
Avant Saint Hilaire, ils ont voulu prendre un raccourci ; un chemin existait mais la veille, il avait été emprunté par un convoi allemand qui fuyait. Ils étaient encore là??
Louise et ses parents ont malgré tout emprunté le chemin. Ils ont vu d'abord un Allemand puis tout le convoi qui avait bivouaqué là. Louise avait peur mais son papa n'a pas voulu reculer et ont réussi à poursuivre leur chemin. " C'était poignant". Quand ils sont arrivés à Saint Hilaire, ils ont vu que la ville état défigurée. " Tout était rasé, des trous, des trous, des bâtiments détruits". Ils ont ensuite rencontré 2 messieurs de La Défense Passive sans doute des collaborateurs qui voulaient voir leurs papiers. Le papa a répondu : " Je n ai pas de papiers ; à l'aller personne ne nous a contrôlés . Finalement, ils nous ont laissés repartir."
Avant Bridelande, sur la petite route des Mézières, ils ont croisé le père Fourmond (papa de Louise Blanchetière) il venait à notre rencontre, il avait eu une intuition. " C'était émouvant de retrouver la famille, les amis,les voisins. On était heureux, je ne peux pas oublier ce retour".
La rafle le 28 juillet 1944 :
Toute la famille de Louise a été bouleversée par la rafle de Fougerolles.
" Papa venait au marché, c'était un vendredi, pour vendre un petit veau ; on lui a dit surtout n'allez pas dans le bourg de Fougerolles, il est cerné par la division Das Reich. Nous étions très inquiets ; un bâtiment avait été incendié à Montclair. Tous ces évènements me rappelaient Avranches avev les avions, le feu, la peur...."
Louise se souvient que les Allemands sont arrivés chez les Gérouard au Mottais ; ils cherchait le chef de famille.
Date de dernière mise à jour : 2025-03-09 10:56:51