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L'Hospice de Fougerolles aux XIXème et XXème siècles

          La Révolution de 1789 avait frappé sévèrement l'hospice de Fougerolles. La modernisation de son administration s'imposait. Dans quelle mesure les voeux de la fondatrice, M.E.Dubourg- soins aux malades et scolarisation des jeunes Fougerollaises- furent-ils respectés au cours des XIXème et XXème siècles. 

          Tout d'abord, on mit sur pied une nouvelle organisation administrative : la " Commission Administrative de l'Hospice " avait été créée en 1796 et l'hospice était devenu un établissement public ayant une personnalité civile distincte de la commune. Les membres de cette Commission furent généralement choisis parmi les notables qui bien souvent, faisaient partie du Conseil Municipal. En 1881, la Commission Administrative de l'Hospice avait été créée en 1796 et l'hospice était devenu un établissement public ayant une personnalité civile distincte de la commune. Les membres de cette Commission furent généralement choisi parmi les notables qui bien souvent, faisaient partie du Conseil Municipal. En 1881, la Commission nomma un "Ordonnateur" pour gérer plus efficacement l'établissement. Par ailleurs, en 1810, la municipalité avait appel aux soeurs  de la Communauté d'Evron pour la prise en charge de l'école et des soins à donner aux malades. La Supérieure d'Evron accepta. Le Préfet de la Mayenne approuva. Deux soeurs arrivèrent, puis deux autres et une cinquième en 1848. Quelques conflits, peu importants d'ailleurs, permirent de préciser le partage des charges, L'un d'eux (il concernait un certain Gatien BOURSIN choisi par la Commission pour travailler à l'hospice, mais non agréé par la Supérieure) fut l'occasion d'établir que les Soeurs avaient la direction "intérieure" des services et la Commission les services "extérieurs" . Un autre désaccord au sujet de l'emploi du tepmps d'une Religieuse donna à la Commission la possibilité d'affirmer son contrôle sur les activités des Religieuses. Mais le partage des responsabilités concerna surtout les finances. En 1881, il  fut précisé que la Supérieure "ne pourra jamais et sous aucun prétexte donner ni recevoir d'argent qu'en vertu d'un mandat. Aucune vente, aucun achat ne pourra avoir lieu sans l'autorisation de la Commission. Madame la Supérieure voudra bien présenter tous les trois mois le livre de gestion" .

          Voici quelques aspects de la gestion de l'établissement par la Commission :

           Des constructions furent réalisées. On édifia une boulangerie, face à la chapelle, côté nord. On construit en 1884 dans la même secteur un hangar qui servit de bûcher. Ce fut , d'autre part, la construction de l'Asile en 1869 qui servit d'école enfantine. S'ajouta en 1890, la construction de deux classes accolées en angle au pignon sud du grand bâtiment central. Puis en 1902 fut édifié, accroché au portail d'entrée, le grand mur entre la cour de l'hospice et la route de Buais. Enfin, ce fut au milieu du xx ème siècle qu'on implanta, entre l'Asile et le grand bâtiment central, un local destiné aux travaux ménagers. Ce sont donc des constructions épars autour du vieux bâtiment central du XVIIIéme siècle qui virent le jour.

          La gestion des biens fonciers de l'hospice subit, quant à elle, quelques modifications : d'une part, l'ancien système des faisances et des corvées disparut peu à peu. Le règlement des fermages se fit désormais en argent. D'autre part, les premières ventes des propriétés foncières de l'hospice sont engagées. En 1874, la Commission vendit des terres situées à l'Aunay et à la Reustière, puis le champ Cosvin situé entre l'hospice et le bourg. Ce dernier fut diviser en lots et vendu à des particuliers qui y construisirent leurs demeures.

          Le produit de ces ventes fut employé en achat de rentes sur l'Etat. L'opération fut très critiquée par les Fougerollais qui considéraient la terre comme une valeur plus sûre que les rentes. En outre , on présentait que les autres propriétés de l'hospice subiraient le même sort. C'est ce qui effectivement arriva.

          Pendant ce temps, la vie à l'intérieure de l'hospice suivait son cours. Le personnel était composé d'un domestique de ferme, d'un jardinier, d'une cuisinière, d'une vachère, d'une infirmière, d'une servante attachée à l'Asile. Certains pensionnaires participaient à l'entretien des jardins et de la ferme. La vie était scandée par le son de la cloche qu'on entendait tous les matins à 5 heures, par les offices religieux : messe du dimanche, messes prescrites par les donateurs, fête de la Visitation à laquelle est dédiée la chapelle, Fêtes-Dieu . La journée était ponctuée par les trois repas ; 7h, 12h et 18h. Nous connaissons les pratiques alimentaires par les listes d'achats et des inventaires. La boisson essentielle était le cidre, mais dans les réserves se trouvaient le cerisé, quelques bouteilles de Malaga et de Madère, le cognac et le rhum. Par ailleurs, on consommait la morue, le hareng, les sardines, réservés au vendredi. La viande de porc (conservée dans le sel) était la plus consommée, mais boeuf et veau sont signalés, le mouton un peu moins. Le pain était produit sur place, plus tard il fut acheté dans les boulangeries du bourg selon  le système de "soumission". Dans les listes d'achat figurent entre autre; le miel, le riz, le vermicelle, le tapioca, le café, le fromage de la trappe.... et le tabac. En ce qui concerne l'équipement, on signale les objets d'époque : "porte braise", "chauffe-pieds", "potines", "vannées de charbon", "cordes de bois", "plumeaux, brocs, genets pour balai.

          Pour les tissus et l'habillement: "quenouilles et cardes, achat de filasse de chanvre, "façon de toile", bonnets bonne femme", flanelle de santé".... A ces achats s'ajoutaient les dépenses pour l'équipement des classes, pour l'exploitation de la ferme; pour l'exercice du culte, pour l'acquisition des médicaments, autant de listes présentées à la commission pour vérification.

          L'accueil des malades et la pratique des soins fut un des objectifs de la fondatrice.

          Le nombre de pensionnaires ne cessa d'augmenter : en 1790 on comptait 12 lits, en 1840 : 23 ; en 1867 : 30 ; en 1884 : 35 dont 25 réservés aux habitants de Fougerolles, 3 pour Désertines, 2 pour Saint Mars, 2 pour La Dorée, 2 pour Sainte Anne, 1 pour Montaudin.. Certains habitants des communes voisines avaient, en effet, fait des legs à l'Hospice pour des raisons humanitaires ou pour y être accueillis dans leur vieillesse et pour assurer le salut de leur âme par la célébration de messes à la chapelle de l'hospice après leur mort. Les donateurs disparus, les dons perdurèrent pendant un temps au profit des communes d'origine.

          Devant l'augmentation du nombre des pensionnaires, la commission finit par établir, en 1884 un long règlement relatif à la police de l'établissement. Il concerne les entrées et les sorties des malades, les conditions d'admission, l'état des dortoirs, l'alimentation des pensionnaires, les visites limitées au vendredi( jour de marché à Fougerolles) et au dimanche, les sorties occasionnelles avec autorisation dûment écrite. Pas de révoltes, pas de langage contraire aux bonnes moeurs et à la morale religieuse, pas de provocation entre les malades, pas d'injures aux soeurs.  

          Le traitement des malades était assuré par un officier de santé ou un médecin, le plus souvent médecin de la commune. Monsieur LE TOURNEUX assuma longtemps la fonction. Edouard DESTAIS lui succéda, remplacé par son fils Georges DESTAIS. Les religieuses préparaient les potions et assuraient les soins. La pharmacie de l'établissement, ou "apothiquerie", placée au centre du grand bâtiment, jouait un rôle essentiel. Elle possédait un matériel approprié, "un alambic, un davier, un bistouri, 40 pots de faïence de Rouen, 20 bouteilles pour les sirops, 30 bouteilles pour les eaux, un petit et un grand mortier de métal avec leur pilons, 13 volumes concernant la chirurgie et la pharmacie, des boîtes de bois pour la botanique, une spatule, 2 tamis", donc du matériel de soins et du matériel pour la préparation des potions et des onguents. De La Dorée, Désertines, Savigny, Mantilly l'Epinay, Buais on venait chercher les remèdes que les soeurs fabriquaient et on venait aussi pour s'y faire soigner. Ne pouvant pas vendre les remèdes , elles se contentaient de demander une aumône. Mais, alors que dans le bourg se trouver une pharmacie, et peut-être pour d'autres raisons, la pharmacie de l'hospice fut fermée en 1881, non seulement à sa clientèle extérieure mais aussi à sa clientèle extérieure. Les remèdes et le mobilier furent même vendus. Toutefois, et après de nombreuses tractations et étant donné son utilité, elle fut bientôt réouverte.

          Les médicaments étaient généralement fabriqués sur place, Certains, anciens et caractéristiques des campagnes, étaient encore vendus et utilisés par les Religieuses de Fougerolles dans la première partie du XXème siècle. C'étaient, par exemple, la poudre contre les vers ou une médication à base d'escargot contre la coqueluche, médicament d'un autre âge, mais dont on trouvait les composantes sur place. En outre, il y avait les médicaments fabriqués sur place, c'est à dire à la pharmacie de l'hospice, onguents et potions, mais dont les composantes, (produits de base et substances plus spécifiques répondant aux soins de cas précis) étaient achetées à l'extérieur. Les listes d'achat que nous possédons nous en donnent les noms, à consonnance scientifique pour la plupart. Enfin figurent sur ces listes l'achat de fortifiants, de reconstituant, produits plus ordinaires, dotés d'une marque ou du nom du fabricant et achetés tout préparés, tel que les pastilles et certains sirops, dont la fameuse huile de foie de morue.

          Ajoutons que les soins apportés aux malades étaient souvent imprégnés de religiosité et que, parallèlement aux médications prescrites, la pratique religieuse comptait pour beaucoup dans la lutte contre la maladie, particulièrement à l'approche de la mort, la quasi-totalité des malades étant catholique. Religion, soins et guérison allaient dans le même sens. La laïcisation de l'établissement ne se fit que tardivement, en 1871, lorsque les religieuses d'Evron quittèrent l'hospice. Néanmoins la fonction sociale de l'établissement se poursuivi.

Date de dernière mise à jour : 2023-02-03 16:09:42

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