La population Fougerollaise à travers les siècles

                                                   La population Fougerollaise à travers les siècles

          En 2007, Fougerolles a 1407 habitants. Comment, à travers les siècles, est-on arrivé a cet effectif ?

          Des évaluations impossibles dans les temps les plus anciens.

          On ne saurait dire exactement quand les premières populations furent implantées sur notre territoire Fougerollais. Ce dernier était couvert par la grande forêt primitive et par la lande bien fournie en fougères. Ces forêts et ces landes étaient parcourues par des populations errantes qui trouvaient là leur nourriture, notamment le gibier. On ne peut évidemment pas les dénombrer.

          Toutefois, en ces temps anciens, quelques personnes commencèrent à se fixer. On connait au moins un nom de lieu où l'une d'entre elles s'installa, car ce nom existe encore aujourd'hui dans nos campagnes, on en connaît la signification, on peut même en déduire le moment où cette personne se fixa en cet endroit. Il s'agit d'Aubigné. Selon certains, ce lieu fut habité par un dénommé Albinius (nom d'origine latine) qui aurait établi là une villa, au sens latin, c'est à dire une exploitation agricole à laquelle il aurait donné son nom. Des éléments figurant au sol, à proximité, et même, dit-on, une pièce de monnaie romaine trouvée là sembleraient confirmer cette interprétation. Pour d'autres, Aubigné (Aubi=alba, blanc en langue latine)  désignerait en cet endroit des pierres blanchâtres (des quartz ?) issues de la roche cristalline sous-jacente. Dans ces deux interprétations; la référence au latin prouverait que Aubigné fut très probablement le lieu habité le plus ancien de notre territoire, à l'époque gallo-romaine, en rapport avec les invasions romaines de la Gaule, aux premiers siècles de notre ère.  Quelques rares autres noms de lieux, présents sur notre territoire, sont encore pour nous une énigme.

           Au Moyen-Age, des évaluations supposées :

          Aux XI me-XIIème-XIIème siècles se placent les grands défrichements de la forêt primitive. L'impulsion donnée à ces vagues de défricheurs nous est inconnue. Ils s'établissent d'abord dans des installations de fortune; les "loges", et gagnent ainsi des terrains cultivables. On peut tenter une évaluation du nombre des défricheurs en se basant, là aussi, sur les noms qu'ils ont donnés à leur futures fermes. Ces noms, créés à cette époque et qui existent encore aujourd'hui dans nos campagnes, sont reconnaissables car ils sont composés du nom des premiers occupants-défricheurs, suivi des suffixes employés à cette époque : -ière, erie et -ais : la Triguelière aurait été fondée par Triguel, l'Angotière par Angot, la Lamberdière par Lambert, la Bourdonnière par Bourdon, la Mercerie par Mercier, la Frogerie par Froger, etc...Il en existe plus d'une cinquantaine sur le territoire fougerollais.. A partir de ce chiffre, et en tenant compte des effectifs moyens de chaque famille, il y aurait, à cette époque médiévale, de 200à300 personnes concernées. Evaluation incomplète toutefois : en plus on ne connaît pas le nombre. Par ailleurs, les domestiques et artisans ne sont pas pris en compte, pas plus que le bourg qui commence timidement à se développer autour de son église et de son cimetière. 

          Quelques évaluations de la population à l'époque moderne : XVIIème-XVIIIème siècle :  

         Des chiffres correspondant au règne de Louis XIV nous sont parvenus ; en 1680, Fougerolles aurait eu 280 "feux" (ou foyers), ce comptage servant de base à l'établissement de l'impôt. Toutefois, il faudrait tenir compte, là aussi de la population qui existe réellement dans chaque foyer, (époux, épouse, enfants domestiques). Comptant une moyenne de 4 à 5 habitants par foyer, on obtiendrait un effectif de 1100à 1200 habitants. Mais il y a les personnes non soumises à l'impôt et les errants. Evaluation approximative donc, d'autant plus que, à la fin du règne de Louis XIV, le nombre de "feux" se réduit, selon une autre source de renseignements, à 230 feux : erreur de transcription ? Epidémie? Guerre?

          Le XVIIIème siècle apporte quelques précisions. Sous le règne de Louis XV, en 1726, on comptait 1161 habitants à Fougerolles, chiffre très précis, mais dont on ignore la base de calcul. Le clergé, quand à lui, comptait, à cette époque; de 1200 à 2000 communiants dans sa paroisse. Enfin en 1789, 11 ans après l'évaluation précédente, on annonce 1200-1500 Fougerollais, donnée encore bien imprécise.

          Aux XIXème et XXème siècles, des recensements de plus en plus précis, complets et officiels

         Les exigences administratives se développant au XIXème siècle, les recensements de population se devaient d'être à la foie réguliers, précis et approfondis, dans le cadre communal. Il fallait désormais tenir compte de deux bases essentielles de la démographie : natalité-mortalité, d'une part immigration-émigration d'autre part. Ce fut, en ce domaine, l'acquis du XIXème siècle.        

         Fait capital pour notre commune : la population augmente régulièrement de 1801à 1861, puis à partir de 1871, elle diminue jusqu'à nos jours. Les données chiffrées suivantes proviennent du Dictionnaire de la Mayenne, de A. Angot, et des Services Départementaux de la Mayenne.

          De 1801 à 1861 la population Fougerollaise augmente. En 1801 : 2088h, en 1821  : 2240h, en 1841 : 2376h, en 1861 : 2634h, chiffre maximum. Cet essor assez spectaculaire est dû au remarquable assolements, chaulage des terres, modernisation de l'élevage, augmentation des rendements. Cette "révolution agricole" s'accompagna du développement du bourg. Les maisons de commerces se multiplient et de nouveaux quartiers apparaissent (quartier des halles 1860) : Point n'ai besoin de quitter Fougerolles. La mortalité reste encore importante, mais le nombre élevé des familles nombreuses compense le déficit.

          C'est à partir de 1871 que la population Fougerollaise diminue. En 1871 : 2521h, en 1891 : 2505h, en 1911 : 2211h, en 1931 : 1791h , en 1946 : 1773h, en 1968 : 1701h , en 1999: 1566h, en 2007: 1407h. Il y eut la guerre 14-18 avec la mort de 108 Fougerollais et le déficit des naissances pendant ces 4 années. Il y eut aussi des causes plus générales . C'est tout d'abord l'exode rurale, témoignant d'une surcharge démographique (crise des années 30). Dés la fi du XIXème siècle, on assiste au départ de quelques ruraux vers la capitale, laquelle recherche des employées de maison. Après la dernière guerre, c'est le départ de jeunes ménages ruraux vers les Charentes apparemment plus attractives économiquement que notre commune, et, plus près de nous, c'est l'agrandissement de certaines exploitations rurales avec, corrélativement, la disparition de petites exploitations par regroupement des terres. C'est aussi la mécanisation des travaux à la campagne qui entraîne la diminution de la domesticité. Parallèlement, les activités du bourg diminuent : concurrencés par les magasins des villes et par des formes commerciales plus modernes, des maisons de commerces fermes et ne retrouvent pas preneur. Par ailleurs, les jeunes, qui, de plus en plus, poursuivent des études, ne reviennent généralerment pas au pays natal. Il faut aussi tenir compte de l'absence d'industries locales et de l'attrait général des villes. S'ajoutent, au cours de ces dernières décennies, le développement d'une mentalité antinataliste et la diminution des familles nombreuses. Pendant toute cette période, il y eut quelques très rare moments où la population a augmenté, mais de très peu et sans suite.

          Malgré l'arrivée des populations anglophones (60 en permanence, 200 épisodiquement bien que fixée dans la commune), malgré l'amélioration générale de la santé, malgré l'allongement de la vie et la diminution, les vides ne sont pas comblés. Fougerolles poursuit la diminution de sa population, ainsi que les autres communes du canton.

                                                                                                                                                                                Huguette FLATRES-MURY